-ANACR du FINISTÈRE-


Quelques indications de vocabulaire
pour l’opérette de Germaine TILLION

“ Le Verfügbar aux enfers”

Cartes roses : Carte-dispense de travail pour les personnes âgées. Il s'avéra, vers la fin de 1944, que ces cartes roses représentaient le premier tri qui devait mener à la sélection puis à l'assassinat des femmes «inaptes au travail».
Betrieb : L'usine du camp (textile). Bekleidung : Entrepôt des vêtements. En réalité, butin du pillage des SS, arrivant par wagons et remplissant de nouveaux entrepôts; les prisonnières devaient en décharger et trier le contenu. Germaine TILLION ( dont le nom de résistante était Kouri) fut un jour attrapée et contrainte d'aller aux «wagons». C'est là que, cachée dans une grande caisse et protégée par ses camarades, elle écrivit son opérette. Blokovas : Argot tchèque universellement utilisé pour désigner les Blokalteste, c'est à dire les détenues chefs de block.
Petit bobard : Le débarquement Gros bobard : L'armistice. Les brouettes : Appelées aussi «tragues» (du verbe allemand tragen, porter), les brouettes étaient de lourdes caisses munies de poignées pour que l'on puisse les porter à deux. Vides, elles étaient déjà lourdes. Pleines, elles étaient impossibles à soulever. Les détenus vidaient en cachette une partie de leur contenu pour pouvoir les porter. Le bunker : le cachot.
Chancelier du Reich (Reichskanzler) est le titre porté par le chef de gouvernement. L'administration qui entoure le chancelier est la chancellerie (Kanzlei). HITLER avait à sa disposition trois chancelleries, celle du Reich, dirigée par LAMMERS, celle du parti nazi, dirigée par BORMANN et sa chancellerie personnelle, dirigée par BOUHLER. Les chefs des deux premières ainsi que KEITEL, à la tête de la Wehrmacht, exerçaient une grande influence en filtrant l'accès au Führer.
D.W.B. (Deutsche Witrtschaftsbetriebe): les entreprises économiques allemandes : Holding coiffant l'ensemble des entreprises — plus d'une quarantaine — appartenant en sous-main à la S.S. Certaines étaient sans rapports directs avec le système concentrationnaire . En revanche, d’autres étaient destinées à exploiter, au profit de la S.S., la main d'oeuvre concentrationnaire: la "SOCIÉTÉ LOGEMENTS ET FOYERS" (construction de villas pour les S.S. de Dachau), la D.A.W. (fabrique d'armes et d'équipements) présente à Auschwitz, Buchenwald, Dachau, Sachsenhausen, Neuengamme, Ravensbrück, Stutthof..., la TEXLED (Textiles et Cuir), présente à Ravensbrück, "LES MATIÈRES PREMIÈRES DE L'EST", présente à Auschwitz, et surtout la D.E.S.T. (Deutsche Erd- und Steinwerke : exploitation de la pierre et des argiles), pour les besoins de laquelle le site de nombreux camps fut choisi (Flossenbürg, Mauthausen, Gross Rosen, Natzweiler, Auschwitz, Treblinka I, Buchenwald, Neuengamme, Stutthof...) L'ensemble des entreprises de la S.S. fut dirigé par le service W du W.V.H.A.
Le haricot : Argot pour désigner les SS en uniforme vert.


I.K.L. (Inspektion der Konzentrationslager) : l'Inspection des camps de concentration,
organisme dont la S.S. et la Gestapa (organisme de gestion de la Gestapo) se sont disputé le contrôle et dont le siège fut finalement implanté à Oranienburg. Cet organisme, dirigé d'abord par Theodor EICKE, fut intégré en 1942 au sein du W.V.H.A. de la S.S. dont il constitua l'Office Dl sous la direction de LIEBHENSCHEL puis de HOESS. L'intégration de cet organisme au sein du W.V.H.A. marque sa prise de contrôle sans partage par la S.S. C'est à lui que furent confiées l'administration et la gestion des camps de concentration d'État. Mais l'affectation au travail des détenus dépendait d'un autre organisme S.S., l'Arbeitseinsatz (qui devint le service D2 du W.V.H.A.). En intervenant dans des camps qui n'étaient pas des K.L. officiels, l'I.K.L. s'efforça de les intégrer dans le réseau sur lequel elle avait la haute main.
Innedienst : Billet de service intérieur reconnaissant le statut de malade et permettant de rester au block par faute de place à l'infirmerie.
Julots : Surnom donné aux femmes détenues qui jouaient le rôle masculin dans les couples de lesbiennes désignées L.L dans l’argot du camp .
Kapo: ausensétroitduterme:détenuchargédel'encadrementdesdétenusautravail;ausenslarge: détenus sur lesquels les S.S. se sont déchargés d'une partie de l'administration des K.L. Kommando : Au sens de commandement, le terme entre dans la composition de l'intitulé de différents orga nismes militaires (O.K.W., O.K.H., O.K.L., 0.K.M....).Au sens de détachement, le terme désigne l'équipe à laquelle est assignée une tâche sous la conduite d'un Kapo (Arbeitskommando- le Kommando de travail) ou un des camps annexes essaimés par les K.L. dans le cadre de la Guerre totale (Aussenkommando, le Kommando extérieur).
Nachkel : «rab», prononcer Narkell . Nicht nachkel : «Pas de rab» NN : Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard. A RAVENSBRUCK, les détenues NN étaient affectées au block 32, avec les jeunes survivantes polonaises des expériences médicales et tout un groupe de prisonnières de guerre soviétiques. Elles n'avaient pas le droit de travailler en dehors du camp, pas le droit de correspondre sur la carte réglementaire avec leurs familles, pas le droit de recevoir des colis. Ce n'est qu'à la Libération qu'elles ont appris qu'elles devaient à tout moment rester à la disposition des bureaux de la Gestapo du camp, qui pouvait recevoir l'ordre de les faire disparaître. C'était une mesure de terreur imaginée par Hitler pour que la Résistance ne puisse pas honorer ses héros, perdus corps et bien.Germaine Tillion, détenue NN, fut affectée au block 33 de février 1944 à janvier 1945; il était tout au fond du camp, le dernier. A partir de janvier 1945, le block 32 fut entouré de barbelés et on y enferma les jeunes mères avec leurs bébé, dont une partie disparut.
Poser : punition qui consiste à laisser les détenus debout de 2 heures , 4, 6 , voire 24 heures en guise de punition Pouf : Puff, allemand vulgaire : bordel. La direction des camps de concentration avait installé de petits bordels dans quelques grands camps d'hommes comme faveur pour les détenus fonctionnaires, les «Prominente». Les filles de ces bordels étaient recrutées à Ravensbrück: on leur promettait la libération au bout de 6 mois. En fait, passé ce terme, elles étaient renvoyées à RAVENSBRUCK, épuisées, malades et y mourraient le plus souvent

Rouleau : Enorme rouleau en béton auquel étaient attelées une dizaine de détenues des cordes afin
d'aplanir le sable ou le sol des allées du camp recouvertes de scories noires. R.S.H.A. (Reichssicherheitshauptamt) : Office principal de la sûreté du Reich. Organisme créé en 1939 pour coordonner l'action des deux principales polices d'État (GESTAPO et KRIPO), constituant la SIPO, et des deux branches du S.D. (S.S. Sicherheitsdienst, le service de sûreté de la S.S.), service de renseignement privé de la S.S. (S.D. Inland, le service intérieur; S.D. Ausland, le service pour l'étranger). Le chef du R.S.H.A. fut le S.S. HEYDRICH (puis, après 1943, le S.S. KALTENBRÜNNER). La Gestapo (chef Heinrich MÜLLER), devint l'Amt IV (office IV) du R.S.H.A., la Kripo, l'Amt V, le S.D. intérieur (chef Olhendorf}, l'Amt III et le S.S. "étranger" (chef Jost puis Schellenberg), l'Amt VI. Le R.S.H.A. fut donc un organisme administratif mixte, commun aux deux services de l'État, ceux constituant la Sipo (Kripo et Gestapo), et à deux services de la S.S., ceux du S.D. D'où de nombreuses confusions entre les services, auxquelles les Allemands eux-mêmes n'échappaient pas.
Staatuche Konzentrationslager (K.L., sigle officiel; K.Z., sigle familier) : les camps de concentration d'État, organisés, après 1934, sur le modèle de DACHAU et gérés par l'I.K.L., organisme finalement contrôlé par la S.S. (plus tard Office D1 du W.V.H.A.), et fournis en détenus par la Gestapo. Cette double dépendance de la Gestapo et d'une instance de la S.S. est la caractéristique officielle des K.L. stricto sensu
Schlaft Colonne : de schlafen, dormir. Germaine TILLION se cachait souvent parmi l'équipe des travailleuses de nuit qui dormaient dans la journée et avait inventé pour ce groupe silencieux le nom de Schlaft Colonne. Schmuckstück : détenue à l’état physique dégradé appelée par dérision “ bijou” par les SS. Dans les camps d’hommes, les SS les désignaient sous le terme de“musulmans”.
Straf-block : block disciplinaire d’où les colonnes de travail sortaient en chantant sous la contrainte des chants allemands . Stubova : Argot tchèque pour stubendienst, chef de chambrée ; chaque block était séparé en deux immenses chambrées, surpeuplées, équipées de châlits sur trois étages et comprenant trois détenues au lieu des cent prévues.
Schnell, los, raus : interjections allemandes : vite, allez, ouste, sortez ! Transport: soit le transfert dans une usine de guerre lointaine ou sur un chantier , soit vers un lieu inconnu que l’on pressent être un lieu d’extermination. C’est le transport noir
Les Triangles : En tissu de couleur de 4 à 5 cm, ils étaient cousus sur la robe, pointe en bas. La couleur représentait la catégorie à laquelle le déporté appartenait, ceci dans tous les camps de concentration. Le «triangle vert» était une détenue de droit commun dite “Kriminelle». Un «triangle noir» était une femme internée pour atteinte à la qualité de la race, dite asoziale: marginale, ivrogne, prostituée, mauvaise mère etc. Les «triangles violets» étaient les témoins de Jéhovah, dites bibelforscherin et les «triangles rouges» les politiques.
Tuyau : Long et lourd tuyau que des dizaines de femmes portaient à longueur de journées pour arroser les travaux de terrassement du camp.
Verfügbar (prononcer Ferfügbar) : Prisonnières rebelles qui avaient décidé de ne pas travailler pour les Allemands. N'étant inscrites dans aucune colonne de travail, elles étaient corvéables à merci, «à la disposition» des S.S. ( zur verfügung). Après l’appel du matin, elles s’efforaient de se cacher pour leur échapper.

Wehrmacht : L'ensemble des forces armées de l'État, donc à l'exclusion de la WAFFEN S.S. (La Wehrmacht a d'abord été désignée par le terme Reichswehr). A la tête de la Wehrmacht se trouvait l'O.K.W. (Oberkommando de la Wehrmacht) et à la tête des trois composantes des Oberkommando particuliers (O.K.H. pour l'armée de terre, O.K.M. pour la marine, O.K.L. pour la Luftwaffe). L'Abwehr était le service de renseignement de la Wehrmacht. Ses services policiers étaient la Geheimfeldpolizei (police secrète de campagne, la Sécurité militaire), et la Feldgendarmerie (la gendarmerie de campagne).

W.V.H.A. (S.S. Wirtschafts- und Verwaltungshauptamt) : Office principal d'administration économique de la S.S. Service créé en 1942 qui, entre autres activités, intégrant en son sein l'I.K.L. (Amt D1) et Arbeitseinsatz (Amt D2), gérait et exploitait économiquement les camps de concentration d'État. Par ailleurs, il gérait les troupes de la S.S. armée et assurait la direction des entreprises appartenant à la S.S. (Groupe d'Offices W qui correspond au holding D.W.B.). Cet organisme, dirigé par le S.S. Oswald POHL, s'installa à Oranienburg.
Zebra : L'uniforme rayé de bandes bleues et blanc grisâtre verticalement disposées ne fut généralisé qu'à partir de 1938. Les détenus allemands lui donnèrent le nom de "Zebra" (zèbre) et parfois se désignèrent eux-mêmes comme des "Zebra". A partir de l’été 1944, pour cause de pénurie, des tenues furent prélevées sur des vêtements des arrivants, dans lesquels on avait découpé dans le dos une grande croix «X» et recousu à la place un autre «X» taillé dans un autre tissu
Zählappel : l’appel général pour compter les détenus ( zählen) avait lieu à 4 heures devant chaque block sur dix rangs, les petits devant les grands derrière . L’appel des cartes roses ( dites les tricoteuses avait lieu à 6 heures)