-ANACR du FINISTÈRE-


Profanation du mémorial de la Citadelle de PORT LOUIS
Pays de LORIENT - Port-Louis. LE TELEGRAMME
 Mémorial profané : la « blessure » d’une ancienne Résistante
 Publié le 24 octobre 2018
Marguerite Caudan (à gauche) s’est rendue dans la fosse du mémorial des Pâtis, en compagnie de Maryline Le Sauce, Luc Lamour, Jean-Pierre Mahéo et Yvon Le Roux, responsables de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance (Anacr). Katia Fauchoix, adjointe à la culture (au centre), les accueillait au nom du maire. (ALAIN COVIAUX)

Accompagnée des responsables de l’Association nationale des combattants et amis de la Résistance (Anacr), Marguerite Caudan, ancienne Résistante, s’est rendue ce mardi dans la fosse du mémorial des Pâtis, quelques jours après l’acte de profanation commis sur la niche abritant les cendres des 69 fusillés de la citadelle (Le Télégramme du 10 octobre).

Soutien aux membres des familles des fusillés

« En apprenant la nouvelle, j’ai ressenti comme une blessure », explique celle qui fêtera ses 99 ans le 12 février 2019. Ses yeux bleus toujours vifs fixent la niche dont la petite porte a été rapidement réparée par les services techniques communaux. Son émotion est communicative. Maryline Le Sauce, présidente du comité du pays d’Auray de l’Anacr, informe que l’association, par la voix d’Anne Friant, sa vice-présidente nationale, « apporte son soutien aux membres des familles des fusillés, qui se sont également sentis blessés ». Elle invite son amie Marguerite, à rappeler son incroyable parcours.

J’étais sensible à l’injustice qui frappait les réfugiés

« Je suis née dans le XIarrondissement, l’un des quartiers parisiens qui accueillait beaucoup de réfugiés, des juifs d’Europe centrale, des Italiens, des jeunes Allemands fuyant le nazisme. J’étais sensible à l’injustice qui les frappait », se remémore Marguerite Caudan. À partir de l’été 1936, Margaux se consacre à l’aide aux républicains espagnols. En avril 1940, huit jours après son mariage avec Louis Caudan, un Breton de Plouhinec, elle est arrêtée au seul motif de son appartenance à l’Union des jeunes filles françaises.

Les gendarmes de Pluvigner et de Vannes avaient relevé des empreintes. (ALAIN COVIAUX) Incarcérée en prison durant un an.

Elle est libérée un mois plus tard. La Résistance lui confie la responsabilité d’une petite imprimerie d’où sortent les tracts de soutien à la manifestation des lycéens et étudiants parisiens, à l’occasion du 11 novembre. Marguerite assure des liaisons entre le Front national de libération et les Francs tireurs et partisans français. En juin 1943, elle est arrêtée, « non pas par les Allemands mais par la police française », déplore-t-elle. Incarcérée à la prison de la Roquette, elle n’en sortira qu’un an plus tard.


Les balles sifflaient au-dessus de ma tête

« J’ai pu participer à la Libération de Paris. Je passais des messages, d’une barricade à l’autre, alors que les balles sifflaient au-dessus de ma tête ».

Depuis, Marguerite Caudan passe une paisible retraite à Plouhinec, mais elle reste un témoin vigilant. « Je suis très inquiète face à la montée du nationalisme, avoue-t-elle. Face aux injustices, il faut s’indigner et résister, toujours »