-ANACR du FINISTÈRE-


Dévoilement d'une plaque à la mémoire des Républicains espagnols à la base sous-marine de Brest.
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Photo prise par Edgard De Bortoli( plaque)

Amiral,
Monsieur l’adjoint au Maire
Madame la Conseillère générale,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Le 19 septembre 2014, la ville de Brest célébrait le soixante-dixième anniversaire de sa libération. Nous sommes réunis aujourd’hui, vendredi 10 octobre 2014, dans la base navale de Brest afin d’inaugurer une plaque à la mémoire des républicains espagnols et de l’ensemble des travailleurs qui, sous la contrainte de l’Occupant, édifièrent l’ex-base de sous-marins de Brest. Les mots inscrits sur ce mur rappelleront aux générations futures, que, ici, des hommes ont su préserver et faire grandir du plus profond de leur solitude le noyau de la Liberté. C’est tout le sens que nous avons voulu donner à cet hommage officiel emprunt de dignité et d’émotion.

Je rappellerai en quelques lignes les évènements :

C’est en novembre 1940, ici aux « Quatre Pompes », que les premiers travaux de terrassement de la base de sous-marins débutent. L’organisation Todt, bras armé du régime nazi en matière de construction, supervise les travaux. Pour cela, elle fait venir des milliers d’ouvriers. La base de sous -marins est totalement aménagée à l’été 1942, mais des travaux d’envergure se poursuivront au cours de l’année 1943. Au final, cet édifice aux dimensions colossales sera construit en 500 jours.

Il aura fallu 500 000 m3 de béton pour construire ce bunker aux dimensions monumentales : 300 mètres de long, 175 de large, 18 de hauteur, disposant d’un toit de plus de 6 mètres d’épaisseur.   La base des sous-marins est une véritable cathédrale de fer et de béton bâtie par plusieurs milliers de travailleurs, volontaires pour certains, contraints et forcés pour d’autres. L’organisation Todt reproduisait les ségrégations nazies : au plus bas de l’échelle se trouvaient les opposants au régime, astreints aux tâches les plus dures et les plus dangereuses.

Parmi eux figurait un grand nombre de républicains espagnols. Remis à l’occupant par le gouvernement de Vichy, ils étaient arrivés dans des wagons à bestiaux puis amenés dans les camps d’internement de la région. Les deux les plus connus étaient ceux de Sainte-Anne du Portzic et celui du Fort Montbarey.

Ces républicains espagnols avaient commencé la résistance au fascisme international, cinq ans plus tôt, en juillet 1936, dans leur pays, l’Espagne, alors que le Général Franco, aidé de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste, prenait le pouvoir par un coup d’Etat. Contrainte de battre en retraite, l’armée républicaine passa les Pyrénées en 1939. Mais la conviction de ces hommes était telle que, malgré des conditions morales et matérielles extrêmement difficiles, ils poursuivirent leur combat en France, ici même, dans cette base de sous-marins où ils se livrèrent à des actes de sabotage.

Beaucoup de ces travailleurs forcés périrent ensevelis dans le béton ou noyés en mer. D’autres parvinrent à s’évader, souvent grâce à l’engagement de résistantes brestoises parmi lesquelles Marie Salou et Jeanne Goasguen Cariou. Ceux qui parvinrent à s’échapper créèrent, en lien avec les résistants bretons, les premiers noyaux du réseau de la résistance républicaine espagnole en Bretagne ; elle allait peu à peu couvrir toute la région.

La base de sous-marins de Brest est aujourd’hui un site de mémoire. Elle fut un lieu de répression et de souffrance pour des milliers de travailleurs forcés mais, aussi, un haut lieu de résistance, d’espoir et de liberté.

Permettez-moi d’adresser, au nom de MERE 29, mes plus vifs remerciements à l’amiral Emmanuel de Oliveira, et à son prédécesseur, l’amiral Jean-Pierre Labonne, qui ont permis cette cérémonie, preuve de l’intérêt qu’ils portent à ce volet si méconnu de l’histoire brestoise. Je remercie le contre-amiral François-Régis Cloup-Mandavialle, commandant la base de défense de Brest- Lorient, et adjoint territorial du commandant de l’arrondissement maritime atlantique, qui nous fait l’honneur de présider cette cérémonie.

Je remercie également le capitaine de vaisseau Gilles Picat, commandant la base navale de Brest, qui nous fait également l’honneur de sa présence. J’adresse mes remerciements appuyés à Monsieur Hervé Bedri, chargé du patrimoine historique de la marine pour la région maritime Atlantique, pour son soutien permanent et ses conseils avisés, cela dès les premiers jours de la création de l’association MERE 29. Je remercie Monsieur Yann Guével, adjoint au maire de Brest et maire de Recouvrance, pour sa présence ; ainsi que Madame Marie Gueye, conseillère générale du Finistère, représentant Monsieur Pierre Maille, président du Conseil général, retenu par d’autres obligations.

Ici, dans cette base navale de la marine française, face à la mer, je ne peux m’empêcher d’évoquer quelques noms de croiseurs de la marine de guerre de la République espagnole : le
Don Quichotte, Don Quijote, le Jaime primero, dont l’équipage s’était porté au secours de la population qui fuyait, à pied, de Málaga à Almería, sous les bombardements de l’aviation franquiste. Ou encore cet autre croiseur qui portait le beau nom de Liberté- Libertad. Son équipage était essentiellement composé de marins galiciens.

Merci au poète Claudio Rodriguez Fer, universitaire et président d’honneur de MERE 29, qui, de sa Galice natale, nous a dédié son poème «  Arsenal de la barbarie » ; il sera lu en français, puis en espagnol par Luis Garrido, et en breton par René Kergoat, qui l’a traduit et que je remercie.

 Claudio Rodríguez Fer arrivera en fin de matinée, accompagné de Carmen Blanco. Ils ont en effet manqué leur correspondance à l’aéroport, à Paris. Claudio s’adressera aux descendants et amis de l’exil républicain espagnol afin de témoigner, avec Carmen Blanco, de sa solidarité fraternelle.

Et puis, bien évidement, j’adresse un immense et chaleureux merci à vous tous qui nous faites l’amitié de votre présence.


Gabrielle Garcia

Présidente MERE 29


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Dépôt de gerbe de Gabrielle Garcia, présidente de MERE29

Chers amis de MERE-29 et de l'Espagne Républicaine


A Brest, le temps était clément ce vendredi matin 10 octobre. Pas de pluie, très peu de vent...


Face à la mer, près de l'ex -base de sous- marins, une centaine de personnes ont rendu hommage aux Républicains espagnols et à l'ensemble des travailleurs qui, sous la contrainte de l'Occupant, ont édifié cette base.

Devant les autorités civiles et militaires, après le discours de notre Présidente et la lecture du poème de notre Président d'honneur en français, espagnol et breton,  la plaque a été dévoilée et deux gerbes déposées, une par MERE-29, l'autre par la Marine. Un moment très fort ! Une autre gerbe a été ensuite jetée à la mer à partir de l'embarcation mise à notre disposition.


A l'issue de la cérémonie, nous nous sommes retrouvés au Centre Espagnol pour de courtes interventions orales et un vin d'honneur très sympathique.

Merci à tous ceux qui par leur investissement personnel, leur don, leur présence ou simplement leurs encouragements ont permis que cette journée soit une réussite complète.

Très cordialement.

Jean Claude CARIOU

ARSENAL DE LA BARBARIE


On les amena dans des wagons tels des bestiaux,
on les enferma dans des baraques tels des forçats,
on les soumit à d'éprouvants travaux forcés,
mais personne ne put asservir
leur humanité expatriée.

Des exilés républicains
parmi les plus indomptables
esclaves d'Hitler
en Bretagne et dans les îles
anglo-normandes !

Ils venaient des vallées de Grenade,
des rias de Galice,
des rues de Madrid,
des milliers de coins perdus
dans leur terre occupée par le fascisme
dont ils ne seraient jamais les sujets...
Et leur seul patrimoine
était la résistance ou le néant.

Cinq cents jours dans le bunker sous-marin
croulant sous le poids de l'histoire
dans les eaux les plus grises de l'Atlantique nazi.

Cinq cent mille mètres cubes
de sombre béton fasciste
et un seul milligramme de clair espoir.

Certains furent engloutis
par le ciment frais.
D'autres ont pu poursuivre leur combat
de premiers antifascistes
d'Europe jusqu'à la libération ou la mort.

De Brest dit la chanson
il n'est rien resté,
mais le souvenir des victimes
se perpétua dans leur lignée
et en toute dignité face à la barbarie.

Car la force torrentielle et irréductible
des solidaires siphons de la mémoire
sauva les noyés dans l'océan,
les morts d’épuisement dans la base,
les fugitifs des îles,
de sous les épaisses tonnes de brume
qui ensevelissaient tant de souffrance.

Puissent les vents les plus atlantiques et les plus libres
inonder cette inoubliable injustice
de déferlantes fraternelles sans fin.

Claudio Rodríguez Fer

Version française de María Lopo et Michèle Lefort
ARSENAL DE LA BARBARIE



Los trajeron en vagones como bestias,
los recluyeron en barracones como reos,
los sometieron a durísimos trabajos forzados,
pero nadie pudo doblegar
su humanidad transterrada.

¡Exiliados republicanos
entre los más indómitos
esclavos de Hitler
en Bretaña y en las islas
anglonormandas!

Procedían de la vega de Granada,
de las rías de Galicia,
de las calles de Madrid,
de miles de rincones perdidos
en su tierra ocupada por el fascio
del que nunca serían súbditos...
Y su único patrimonio
era la resistencia o la nada.

Quinientos días en el búnker submarino
cargando con el peso de la historia
bajo las aguas más grises del Atlántico nazi.

Quinientos mil metros cúbicos
de oscuro hormigón fascista
y tan solo un miligramo de esperanza clara.

Algunos fueron engullidos
por el cemento fresco.
Otros pudieron seguir siendo
los primeros luchadores antifascistas
de Europa hasta la liberación o la muerte.

Dice la canción que en Brest
no quedó nada,
pero el recuerdo de las víctimas
perduró en su prole
y en toda dignidad frente a barbarie.

Porque la fuerza torrencial e irreductible
de los solidarios sifones de la memoria
rescató a los ahogados en el océano,
a los extenuados en la base,
a los fugitivos de las islas,
bajo las espesas toneladas de niebla
que enterraban tanto sufrimiento.

Que los vientos más atlánticos y libres
inunden aquella injusticia inolvidable
con olas rompientes de fraternidad sin fin.



Claudio Rodríguez Fer

Versión castellana del autor
ARSENAL DA BARBARIE



Trouxéronos en vagóns como bestas,
recluíronos en barracóns como reos,
sometéronos a durísimos traballos forzados,
pero ninguén puido dobregar
a súa humanidade transterrada.

Exiliados republicanos
entre os máis indómitos
escravos de Hitler
en Bretaña e nas illas
anglonormandas!

Procedían da veiga de Granada,
das rías de Galicia,
das rúas de Madrid,
de miles de recantos perdidos
na súa terra ocupada polo fascio
do que nunca serían súbditos...
E o seu único patrimonio
era a resistencia ou a nada.

Cincocentos días no búnker submarino
cargando co peso da historia
baixo as augas máis grises do Atlántico nazi.

Cincocentos mil metros cúbicos
de escuro formigón fascista
e tan só un miligramo de esperanza clara.

Algúns foron engulidos
polo cemento fresco.
Outros puideron seguir sendo
os primeiros loitadores antifascistas
de Europa ata a liberación ou a morte.

Di a canción que en Brest
non quedou nada,
mais a lembranza das vítimas
perdurou na súa prole
e en toda dignidade fronte a barbarie.

Porque a forza torrencial e irredutible
dos solidarios sifóns da memoria
rescatou os afogados no océano,
os extenuados na base,
os fuxitivos das illas,
baixo as mestas toneladas de néboa
que enterraban tanto sufrimento.

Que os ventos máis atlánticos e libres
inunden aquela inxustiza inesquecible
con ondas rompentes de irmandade sen fin.

Claudio Rodríguez Fer


Version galicienne de l’auteur




ARSANAL AR SOVAJEREZH


Degaset oant bet evel loened e-barzh bagonioù,
Morailhet evel galeourien e-barzh barakennoù.
Labourat kalet e rankent, dreist o nerzh.
Koulskoude n’en doa gellet den ebet dilamañ diganto, daoust dezho da vezañ divroet,
Ar pezh a rae mibien den anezho.

Republikaned harluet
Eus ar re ziaesañ da zoñviñ
E-toues sklavourien Hitler
E Breizh ha war inizi Mor-Breizh !

Deuet e oant deus traoniennoù Grenade,
Aberoù Bro C’halis,
Ruioù Madrid,
Deus mareadoù kornioù kollet
En o douar ac’hubet gant ar fachisted
Ha c’hoant ebet da blegañ dirazo.
Harzañ pe mont da netra
Setu aze nemetken ar pezh a oa en o spered.

Pemp kant devezh bennak e-barzh ar bunker dindan ar mor,
O tisac’hañ dindan pouezh an istor
E dour loussañ ar Mor-bras Atlantel nazi.

Pemp kant mil metr kub bennak a veton teñval fachist
Hag ur fulenn fiziañs nemetken.

Lod anezho oa bet koñfontet gant ar simant fresk
Lod all o doa gellet kenderc’hel gant o stourm
A-enep ar fachisted – hag int e-toues ar re gentañ en Europa
Betek an dieubidigezh pe ar marv.

Eus Brest, hervez ar ganaouenn, ne oa chomet netra.
Met chomet eo bev er familhoù memor ar re o doa kollet o buhez,
Ha chomet dign dirak ar sovajerezh.

Rak gant nerzh ur ster-froud herrus
Envor tud unanet
En deus saveteet ar re oa bet beuzet er mor-bras,
Ar re marvet faezh e-barzh ar bon,
Ar re o doa tec’het kuit eus an inizi
A zindan brumennoù tev a sebellie kement a boanioù.

Gant ma c’hello an avelioù diroll ar Mor-bras Atlantel
Bountañ ha divountañ an tonnoù karantezus
Evit beuziñ an holl draoù direizh-se ne c’heller ket ankounac’haat morse.


Claudio Rodríguez Fer

Version bretonne de René Kergoat


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    conciabule

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    Contre-Amiral CLOUP-MANDAVIELLE

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    En attente de la navette

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    Gabrielle

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    Hommage aux familles de Républicains Espagnols

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    Jean SAPALA

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    Le Jet de fleurs à la mer..

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    Le Salut de l'Amirauté ..... Aux Morts

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    Le mur du souvenir

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    PLAQUE

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    Lecture du poème en breton

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    Lecture du poème en langue espagnole

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    Lecture par Gabrielle GARCIA

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    Mise en accord des interventions

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    Officiers supérieurs de la Base Navale

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    Tribune

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Photos Jean Yves MAZO